Le raisonnement de protection de la vigne contribue aux objectifs de rendement, à la qualité des vins produits, à la réduction des intrants phytopharmaceutiques, au respect de l’environnement, ainsi qu’à une meilleure sécurité du consommateur et de l’utilisateur.
La pression parasitaire impose d’adopter une stratégie de lutte pour limiter les pertes de récolte et assurer la qualité des raisins.
Sommaire
ToggleBien raisonner sa protection du vignoble vers une agriculture durable
Pour être durable, la conduite du vignoble passe avant tout par l’optimisation des techniques prophylactiques et la gestion des sols. Pour arriver à cet objectif, il est nécessaire d’avoir une bonne maîtrise de :
- Sa main d’œuvre : capacité de ré-intervention, travaux à mettre en place
- Son vignoble : connaissance des terroirs, mesure de seuil d’acceptabilité
- Son matériel : capacité de ré-intervention, qualité de pulvérisation
TRAVAILLER AVANT TOUT LA PROPHYLAXIE
La prophylaxie désigne l’ensemble des moyens mis en œuvre dans le but de prévenir l’apparition, la propagation ou l’aggravation des maladies.
En amont des interventions de protection de la culture, la prophylaxie permet de limiter le développement des maladies et des ravageurs en diminuant la baisse de sensibilité de la vigne tout en améliorant l’efficience des solutions appliquées.
Plusieurs axes de travail sont à prendre en compte avec :
- La maîtrise de la vigueur par la fertilisation, l’enherbement, la taille et le choix du matériel végétal
- La gestion du microclimat autour de la grappe par la taille, le palissage et les opérations en vert
- La préservation des auxiliaires par la diversité végétale autour de la parcelle de vigne
ANTICIPER SES INTERVENTIONS ET ÊTRE RÉACTIF
La protection est avant tout préventive. Vous devez posséder un matériel adapté aux objectifs de travail fixés, avoir une main d’œuvre formée et une bonne capacité de ressuyage des sols.
OPTIMISER SON APPLICATION, C’EST ATTEINDRE SA CIBLE
L’objectif de la protection est de traiter au meilleur moment avec la dose idéale. Une des causes majeures d’échec d’efficacité d’un traitement est une mauvaise application car la répartition de la bouillie ne se fait pas de façon homogène (vent, mauvais réglage). Le réglage et l’entretien du pulvérisateur ainsi que le contrôle de la qualité de pulvérisation sont nécessaires. Dans l’idéal, les applications « face par face » sont à privilégier.
Les produits phytopharmaceutiques ne doivent être appliqués que si le vent a une intensité inférieure ou égale à 19 km/h (≤ 3 Échelle Beaufort)
UTILISER LES EPI : ÉQUIPEMENTS DE PROTECTION INDIVIDUELLE
Lorsque vous manipulez des produits phytopharmaceutiques, il est obligatoire de protéger votre santé et celle de vos salariés. Le code du travail indique clairement votre responsabilité en matière de protection de vos salariés. Pensez à évaluer et traiter le risque en vous équipant d’EPI.
Retrouvez notre gamme en équipement de protection individuelle et en équipement d’exploitation auprès de votre technicien ou en magasin.
Réussir sa protection fongicides mildiou
RISQUES ET NUISIBILITÉ DU MILDIOU
Le mildiou est un parasite qui a besoin d’eau (rosées, pluies) pour se développer et qui s’attaque à tous les organes verts en croissance (feuilles, rameaux, inflorescences et grappes).
C’est la maladie majeure de la vigne, redoutable au regard des dégâts causés sur les grappes et les feuilles, entraînant des pertes de récoltes importantes voire totales.
MODES D’ACTION DES FONGICIDES ANTI-MILDIOU
TYPOLOGIE DES PRODUITS ANTI-MILDIOU
Réussir sa protection fongicides oïdium
RISQUES ET NUISIBILITÉ DE L’OÏDIUM
L’oïdium est une maladie cryptogamique qui se développe à la surface des organes verts de la vigne, dans un environnement sec avec un optimum de température à 20-25°C. La contamination primaire commence dès la reprise de végétation.
Il est important de surveiller les seuils de nuisibilité à ne pas dépasser sous peine de dégrader les qualités organoleptiques des vins.
PRINCIPES D’UN PROGRAMME ANTI-OÏDIUM EFFICACE
Le début des interventions se pilotera en fonction de l’historique et la sensibilité des parcelles. Le choix des spécialités à utiliser sera fonction des cadences de la spécialité anti-mildiou associée.
Réussir sa protection fongicides black rot
RISQUES ET NUISIBILITÉ DU BLACK ROT
Le black-rot se conserve en hiver sur les baies momifiées tombées au sol. Les pluies de printemps libèrent les spores qui contaminent les jeunes feuilles. Les contaminations secondaires affectent ensuite les grappes dont les grains se momifient.
Comme la plupart des champignons, Guignardia bidwellii a besoin de douceur et d’humidité. Les conditions propices à l’infection sont une durée d’humectation minimale de 6 heures à des températures comprises entre 9 et 32°C, avec un optimum de 20-25°C.
LUTTE CONTRE LE BLACK ROT
La recrudescence des attaques de Black Rot ces dernières années amène à reconsidérer cette maladie dans les stratégies de traitements. Les stratégies de lutte vont s’appuyer sur la sensibilité et l’historique de la parcelle :
- Parcelle sensible avec dégâts importants en année n-1 : si les conditions climatiques sont favorables à la maladie, la protection peut démarrer dès les premières feuilles et peut avoir lieu avant les dates de première intervention classique mildiou ou oïdium.
- Parcelle sensible avec dégâts contenus en année n-1 : surveiller l’apparition des premiers symptômes et se référer aux Flash observations vigne et BSV pour suivre l’évolution de la pression.
- Parcelle peu sensible et sans symptôme en année n-1 : se référer aux Flash observations vigne pour suivre la pression mais la lutte mildiou/oïdium peut suffire à contenir le black rot.
Dans tous les cas, privilégiez les produits anti-mildiou ou anti-oïdium ayant également une homologation ou une action secondaire anti-black rot pour une lutte conjointe des maladies.
Réussir sa protection fongicides botrytis
RISQUES ET NUISIBILITÉ DU BOTRYTIS
Le botrytis s’installe précocement dans les vignes sur feuilles et inflorescences mais les dégâts préjudiciables ne sont visibles qu’en fin de saison.
LUTTE CONTRE LE BOTRYTIS
Visible uniquement en fin de saison, il est nécessaire d’adopter une stratégie préventive contre cette maladie qui passe par plusieurs points :
PROGRAMME CONVENTIONNEL DE LUTTE ANTI-BOTRYTIS
Choisir ses produits pour préparer son programme
VÉRIFIER LES INFORMATIONS D’UTILISATION ET RÉGLEMENTAIRES POUR CHOISIR SES PRODUITS
Avant tout recours aux produits de protection de synthèse, les solutions de bio-contrôles et/ou techniques alternatives doivent être utilisées en complément des mesures prophylactiques, et ce quelle que soit la cible visée.
Le choix des fongicides anti-mildiou et anti-oïdium se raisonne selon les modes d’actions et les typologies des produits, à l’intérieur d’une stratégie de lutte où d’autres critères sont à prendre en compte :
Il est important d’envisager toutes les solutions alternatives aux produits phytosanitaires avant de déclencher un traitement.
Réussir sa protection insecticides, ravageurs principaux
LUTTE CONTRE LA FLAVESCENCE DORÉE
La flavescence dorée est une maladie grave portée par la cicadelle de la flavescence dorée qui entraîne des pertes de récoltes importantes et porte atteinte à la pérennité de la vigne. La lutte contre la flavescence dorée est réglementée et obligatoire (groupement de défense des organismes nuisibles). Pour lutter efficacement contre la maladie, il est indispensable de traiter conformément aux informations des Groupements de Défense contre les Organismes Nuisibles (GDON) et éliminer les pieds contaminés.
LUTTE CONTRE LES TORDEUSES DE LA GRAPPE
Les tordeuses (Eudémis et Cochylis) ou vers de la grappe représentent les principaux ravageurs de la vigne.
LUTTE CONTRE LA CICADELLE DES GRILLURES
Elle est souvent associée à la lutte vers de grappe et également gérée par la lutte obligatoire de la cicadelle de la flavescence dorée. Risque de grillure et destruction de la feuille.
Lutte curative : effectuer les comptages de larves pour décider de l’opportunité d’un traitement
(mai/juin : seuil de 1 larve/feuille, été : seuil de 0,5 larve/feuille) selon l’historique de sensibilité des parcelles pour intervention avant apparition de symptômes.
Réussir son désherbage, principales adventices
RISQUES ET NUISIBILITÉ
La gestion des adventices difficiles en vigne se raisonne en complémentarité entre des stratégies chimiques et des solutions alternatives (le travail mécanique du sol sur le rang et l’inter-rang, l’enherbement semé ou encore le désherbage thermique…).
LUTTE CONTRE LES ADVENTICES
Une bonne stratégie de désherbage doit répondre à des objectifs qui intègrent :
- Une approche globale de l’entretien des sols, combinant le désherbage chimique, l’enherbement et le travail du sol,
- Un raisonnement du désherbage adapté aux exigences de la zone de production et de la parcelle (conditions de climat, et de sol).
- Des stratégies de désherbage privilégiant l’alternance des matières actives.
Le désherbage d’automne peut être justifié pour gérer certains cas de flores difficiles (Ray-Grass, Géranium, vivaces et/ou ronces…). Toutefois, il est déconseillé sur flores classiques pour des questions environnementales afin de ne pas laisser de sol nu à l’hiver.
GESTION DE L’ÉPAMPRAGE DE LA VIGNE
L’épamprage consiste à supprimer les rameaux inutiles poussant sur la base des ceps de vigne.
La présence de pampres peut empêcher l’application d’herbicides systémiques et affaiblir les souches. De plus, les pampres favorisent les premières contaminations par les maladies cryptogamiques.
Dans la pratique, deux épamprages sont souvent nécessaires, notamment sur le Merlot.